Symposium

L’enseignement du « français » dans le supérieur : évolutions des recherches et des pratiques

Youssef EL HOUDNA, ENS, Université Abdelmalek Essaâdi (elhoudna.youssef@gmail.com)

Carole GLORIEUX, Université libre de Bruxelles (carole.glorieux@ulb.be) 

Marie-Christine POLLET, Université libre de Bruxelles(mariechristine.pollet@ulb.be)

Argumentaire du symposium

En une trentaine d’années, la conception du développement de compétences en « français » dans le supérieur, en tant que langue d’enseignement, a considérablement évolué (si l’on excepte quelques bulles de résistance, il faut bien le reconnaitre). En effet, pour résumer ici un historique précédemment dressé (Pollet, 2012), on est passé d’une approche normative voire puriste, déclinée sous forme de micro-habiletés linguistiques décontextualisées de situations d’énonciation authentiques, à une approche pragmatique centrée sur le développement de compétences langagières en contexte universitaire et, plus encore, disciplinaire, dans une optique de formation plutôt que de remédiation.

 Ce cheminement reflète non seulement des (r)évolutions didactiques mais aussi – à la fois moteur et conséquence de ces déplacements de pratiques - l’évolution des recherches dans en « didactique du français dans l’enseignement supérieur » qui se nourrit aujourd’hui du champ des « littéracies universitaires », fondé quant à lui sur les principes de continuité et de contextualisation. On élargit ainsi la conception du « français dans l’enseignement supérieur » à ses aspects discursif et cognitif, l’envisageant sous l’angle des pratiques langagières (lecture- écriture) en usage dans le milieu d’études et dans le champ disciplinaire, et liées aux modes de construction de ces savoirs disciplinaires.

A ce propos, l’enseignement du français dans le supérieur ne consisterait-il d’ailleurs pas, avant tout, pour celles et ceux qui le prennent en charge, à entrer dans la discipline et plus largement dans la culture de l’Autre ? L’idée d’ancrer le cours de « français » dans les besoins de telle ou telle filière d’enseignement et dans les genres discursifs qui en forment le fondement semble avoir fait son chemin. Pour le tracer plus précisément encore, il conviendrait de comprendre, très explicitement, le « penser et écrire disciplinaire» (Pollet, 2014) et de prendre en compte le « vécu disciplinaire » (Reuter, 2016). Les pratiques et recherches actuelles semblent mener à ce que l’on peut appeler une « approche intégrée » (Pollet, 2021), qui nous permet d’aller au-delà de la dichotomie opérée entre conceptions normative et pragmatique. Il s’agit, au contraire, d’articuler approche discursive et descriptions linguistiques, de manière à « proposer aux étudiants des apprentissages spécifiques leur permettant d’intégrer progressivement les normes de ces différents discours » (Frier, 2015).

Orientation bibliographique

-      Alves Assis, J., Guimaraes Silva, J. Q., J., Rinck, F. (2012). Quel cadre pour penser les pratiques de lecture et d’écriture dans la formation universitaire et/ou dans la vie professionnelle ? Scripta, vol. 16, n° 30, 16-25.

-      Blaser, C., Emery-Bruneau, J., & Lanctôt, S. (2021). L’article scientifique en sciences de l’éducation : un genre textuel à l’apparence uniforme constitué de sections aux caractéristiques distinctes. Formation et profession, 29(3).

-      Boch, F. (2013). Former les doctorants à l’écriture de la thèse en exploitant les études descriptives de l’écrit scientifique. Linguagem em discurso, 13/3, 543-568.

-      Boch, F. & Frier, C. (2015). Écrire dans l’enseignement supérieur : des apports de la recherche aux outils pédagogiques, UGA Editions.

-      Laborde-Milla, I., Plane, S., Rinck, F. & Sitri, F. (2014). La formation aux écrits professionnels.

Des écrits en situation de travail aux dispositifs de formation. Louvain-la-Neuve : EME Editions.

-      Delcambre, I. & Lahanier-Reuter, D. (2009). Écrits et disciplines dans l’université française : le cas des sciences humaines. Dans J.-M. Defays et A. Englebert (dir.), Acteurs et contextes des discours universitaires. T. II. Actes du colloque international Les discours universitaires : formes, pratiques, mutations, p. 151-166. L’Harmattan.

-      Delcambre, I., Donahue, C. & Lahanier-Reuter, D. (2009). Ruptures et continuités dans l'écriture à l'université. Scripta, Vol 13, 24, p. 227-244.

-      Delcambre, I. (2012). De l’utilité de la notion de littéracies pour penser la lecture et l’écriture dans l’enseignement supérieur. Dyptique, 24, p. 19-35.

-      Delcambre, I. & Pollet, M.-C. (2014). Littéracies en contexte d’enseignement et d’apprentissage. Spirale, 53, p. 3-8.

-      El Gousairi, A. & Bouchekourte, M. (2021). La formation professionnelle « universitarisée » en didactique du français au Maroc : contenus et pratiques de littéracie scientifique. La Lettre de l’AIRDF, 69, p. 20-23.

-      El Houdna, Y. (à paraître 2022.). Les pratiques scripturales et génériques en médecine : Littéracies universitaires et professionnelles. Dans G. Messier & M.-C. Pollet (Éd.), Les littéracies universitaires en évolution(s) : quelles compétences ? Quels objets de formation et de recherche ? Quels espaces géographiques et institutionnels ? Québec : Éditions Peisaj, Collection e-cogito.

-      El Houdna, Y. (2021). Le genre d’écrit professionnel comme objet d’enseignement et d’apprentissage à l’université. La lettre de l’AIRDF, 69, p. 27-31.

-      El Houdna, Y. (2018). Le genre disciplinaire comme ressource pour penser les pratiques scripturales à l’université: cas de la formation disciplinaire médicale. Revue Lettres et Langues, Blida2-Algérie, p. 167-198.

-      Glorieux, C. (2021). Écrire pour s’approprier l’écrit d’expert : une piste pour la formation précoce. Dans C. Scheepers (coord.) Former à l’écrit, former par l’écrit, Bruxelles : De Boeck (p. 197-218).